Transmission d’un savoir faire : la couverture, métier intemporel

Publié le 20 juin 2016

Selon la tradition, l’art de la couverture aurait été officiellement fondé avec le Père Soubise, qui fut l’un des trois moines légendaires constructeurs du premier temple de Jérusalem au 1er siècle avant JC. On peut donc considérer que le métier de couvreur est une profession ancestrale, dont les techniques et le savoir-faire, tout en s’étant adaptés aux diverses époques, sont restés en majeure partie semblables à celles des premiers temps. Héritiers de techniques intemporelles, les couvreurs sont aujourd’hui les représentants de ces pratiques transmises d’âge en âge. L’entreprise parisienne Riccoboni incarne tout à fait cet esprit de transmission multigénérationnelle propre au milieu de la couverture, communiquant les gestes du métier de père en fils depuis bientôt un siècle.

 

La transmission d’une passion familiale

La couverture est une histoire de famille pour les Riccoboni, qui ont à cœur de se sentir les successeurs d’une lignée de couvreurs, tous porteurs et bénéficiaires de ce savoir-faire d’exception.

Arrivé tout droit d’Italie à la fin du 19e siècle, Jules Riccoboni, l’arrière grand père de l’actuel dirigeant de l’entreprise, s’est vite implanté à Paris, plus précisément dans le 20e arrondissement, où se situait à l’époque une Mission italienne. Il s’est lancé dans la maçonnerie et dans la couverture et s’est mis à son compte en 1924. Depuis lors, la transmission du métier s’est effectuée sans arrêt de père en fils, chaque nouvelle génération étant formée par les soins de la précédente.

Rémi Riccoboni, à la tête de la société aujourd’hui, a depuis son plus jeune âge baigné dans l’univers de la couverture et a développé très vite la même passion qui animait ses prédecesseurs : « quand j’étais petit j’allais avec mon père sur les chantiers, de telle sorte que depuis toujours je connais ce métier » raconte-t-il. Et lorsque ce dernier, alors expert en couverture chez SECC, se rend compte que l’entreprise risque de fermer s’il n’intervient pas, il n’hésite pas une seconde à reprendre le poste de son père : «l’entreprise familiale devait être reprise par un des chef d’équipe, employé de longue date (…) au dernier moment il a changé d’avis. Mais je ne pouvais pas laisser presque un siècle de couverture familiale partir en fumée et mettre la clef sous la porte. C’est là que j’ai démissioné de mon poste pour reprendre l’entreprise familiale. »

A son tour, Rémi emmène son fils sur les toits, pour lui montrer les gestes du métier de ses pères.

 

Métier d’hier, mais surtout métier de demain

Comme la plupart des métiers du bâtiment et des professions dites « traditionnelles », la couverture doit actuellement faire face à quelques difficultés de recrutement. Ce secteur souffre d’une certaine méconnaissance qui freine l’orientation des jeunes vers ce métier.

C’est pourquoi la transmission occupe, pour Rémi Riccoboni, une place prépondérante dans le domaine de la couverture : « Je me suis toujours investi pour donner de mon temps, afin de former des gens à l’extérieur, notemment des compagnons.(…) Si on refuse de faire ça, on perd le métier, car on perd cette transmission du geste et de la parole qui est inhérente à notre profession. »

La formation de couvreur n’est d’ailleurs pas sans difficultés, car, comme nous le confirme Rémi, il faut une dizaine d’années pour maîtriser parfaitement toutes les techniques et se dire bon couvreur.

Pour que cette profession ancestrale se perpétue, il faut donc initier les jeunes à ce savoir-faire en les formant d’une part, mais aussi en les intéressant en amont à ce métier trop peu connu et qui subit  l’influence des préjugés : « les parents s’imaginent que leur enfant va passer sa vie sur les toits à poser des tuiles. Or, une fois le métier maîtrisé, ils peuvent devenir chefs d’équipe, conducteurs de travaux ou se mettre à leur compte » affirme-t-il.

Jérémie, apprenti dans l’entreprise Riccoboni, nous a raconté les débuts de son parcours : « j’ai d’abord choisi la couverture parce que c’est le métier du bâtiment le plus scientifique, où on nous demande le plus d’utiliser son cerveau et pas seulement ses mains ; je suis resté deux ans en école de compagnons, je peux vous ressortir des cahiers et des cahiers, il doit y avoir deux mille pages en rapport avec le métier, car il y a non seulement les gestes mais aussi des méthodes à apprendre. »

Lorsqu’on lui a demandé pourquoi avoir choisi l’entreprise Riccoboni, Jérémie nous a répondu : « l’entreprise Riccoboni c’est ce que je recherchais, car c’est une petite structure très familiale, et non une usine  où on est 300 personnes à la chaîne. On est polyvalent, le métier est  très diversifié, il y a un million de façons de faire les choses, et chez Riccoboni on apprend par seulement une façon, on apprend les un million. Et après on nous dit « choisis ce que tu préfères toi mais on t’aura tout appris au moins ». »

 

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Métier traditionnel, certes,  mais en perpétuel renouvellement

La couverture consiste surtout en la rénovation des toitures anciennes, mais en utilisant des procédés récents (comme le traçage au laser), qui permettent un rendu parfait et très minutieux. L’outillage moderne permet une adaptabilité à tout chantier, sans rien retirer à la tradition des techniques ni à la transmission des gestes. Il est intéressant de constater que ce métier d’hier s’harmonise avec les nouvelles tendances, comme la pose de panneaux photovoltaïques :  forte de ses racines ancestrales et de son adaptabilité à toute époque, la couverture est un métier intemporel, qui se renouvelle sans cesse au rythme des siècles.

 

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Allier la modernité de l’outillage à la tradition des gestes, tel semble ainsi être l’apanage de la couverture, métier que pratique avec passion et perfection Riccoboni, dont le travail a été récompensé en 2015 par l’obtention du label EPV – Entreprise du Patrimoine Vivant.